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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 21:53

En 2006 déjà, Charlie Hebdo avait déclenché la colère de certains musulmans en publiant les décriées caricatures danoises de Mahomet. Nous republions ci-dessous un article du Monde de l'époque.

Au siège parisien de Charlie Hebdo, rue de Turbigo, c'est l'effervescence, depuis la sortie du numéro spécial du 8 février titré "Mahomet débordé par les intégristes", où l'on voit le Prophète, dessiné par Cabu, qui pleure, la tête entre les mains, et déplore : "C'est dur d'être aimé par des cons "... Des organisations musulmanes ont tenté, mardi, d'obtenir juridiquement l'interdiction de la vente de l'hebdomadaire satirique. Elles ont été déboutées. Télévisions japonaises, radios tchèques... les médias du monde entier affluent à la rédaction. Cible d'une alerte à la bombe, le journal est protégé par la police. Philippe Val, directeur de la publication et de la rédaction, est lui-même protégé vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

L'hebdomadaire a publié dans ce numéro les 12 caricatures de Mahomet parues fin septembre dans le quotidien danois Jyllands-Posten. La décision a été prise lorsque le directeur de la publication de France Soir, Jacques Lefranc, a été limogé, mercredi 1er février, par son actionnaire Raymond Lakah, le soir même de la publication de ces caricatures par le quotidien. Toute l'équipe de Charlie a dit oui. "On se sentait obligés de le faire", raconte le dessinateur Luz. "J'ai alors contacté les directions de L'Express, du Nouvel Observateur... pour qu'on le fasse ensemble", rappelle M. Val. L'Express a publié une photo des 12 caricatures tandis que Le Nouvel Observateur a publié deux des dessins. En France, seuls France Soir et Charlie Hebdo ont publié l'ensemble des caricatures. Libération, Le Monde, Courrier international notamment en ont reproduit une ou deux à titre d'exemples.

"Il ne faut pas reculer, pas sur des principes", martèle M. Val. "La liberté d'expression est sans cesse menacée par ceux qui ne veulent pas exposer leur propre enfer intérieur", écrit-il dans le journal paru mercredi. Ce n'est ni une "provocation" ni un "coup marketing", assure-t-il.
Tiré à 160 000 exemplaires, contre 120 000 habituellement, le numéro de Charlie Hebdo a été rapidement épuisé. Samedi 11 février, 480 000 nouveaux exemplaires, vendus sans publicité, ont été mis en kiosques, indique Eric Portheault, responsable des finances. Certains kiosques parisiens se sont vite retrouvés en rupture de stock, tandis que d'autres auraient refusé de distribuer l'hebdomadaire. Habituellement, les ventes de Charlie se situent entre 60 000 et 70 000 exemplaires, dont 11 500 abonnés.

L'édition en kiosques le 15 février "sera un numéro politique", a affirmé M. Val lors de la conférence de rédaction du 10 février. Il se propose d'analyser "les réactions politiques, en voyant comment la religion peut être instrumentalisée en France, notamment à l'extrême gauche". Le fil conducteur étant : " On n'est pas pour la liberté d'expression en tout petit, mais... en grand." "Je vais faire un texte islamique, donner une leçon de foi aux soi-disant musulmans", ajoute Charb, rédacteur en chef adjoint. Lors de cette conférence de rédaction tout le monde a exprimé la volonté de critiquer les propos de Jacques Chirac. Le chef de l'Etat avait condamné les "provocations manifestes à l'égard des musulmans".

Tewfik Allal, de l'Association du manifeste des libertés, présent à cette conférence, se dit " fier d'avoir été publié à côté de Wolinski ". M. Allal a rappelé que l'hebdomadaire jordanien Shihane, qui avait publié le 2 février trois des caricatures danoises, a été retiré de la vente et son directeur limogé. " Il y a certainement nombre de gens qui pensent la même chose en terre d'islam mais ils n'auront pas le droit de le dire. C'est à eux que manque le plus gravement la liberté d'expression." M. Val se félicitait, vendredi, de recevoir de nombreuses marques d'intérêt de gens de culture musulmane et laïque. Le prochain numéro, dont la "une" sera décidée dimanche soir, pourrait être tiré à 400 000 exemplaires.

"C'est la première fois dans l'histoire de Charlie qu'un dessin se retrouve au centre de tous les débats", indique Luz. Ce sera aussi la meilleure vente dans l'histoire de Charlie Hebdo. Le journal, né en 1960 avec la création d'Hara Kiri, par Cavanna et Georges Bernier, alias le professeur Choron, est reparu en 1992 après s'être arrêté en 1981 pour des raisons financières. A la mort du général de Gaulle, en novembre 1970, Hara Kiri avait titré ironiquement : "Bal tragique à Colombey : 1 mort". L'hebdomadaire avait alors été interdit.

 

Attaqué en justice, l'hebdomadaire avait été relaxé

Le numéro du 8 février 2006 a valu à l'hebdomadaire d'être poursuivi par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), la Ligue islamique mondiale et la Grande Mosquée de Paris. Elles estimaient que trois caricatures représentaient une "injure stigmatisant un groupe de personnes à raison de sa religion", délit passible d'une peine maximale de six mois d'emprisonnement et de 22 500 euros d'amende. Le directeur de la publication, Philippe Val, avait été relaxé le 22 mars 2007.


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